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Rinus Michels, le général qui a libéré le jeu
- 7 octobre 2025
- Posted by: Foot-Soccer Maestro
- Category: News

Avant-centre studieux, des buts et des idées
Avant de devenir le “Général”, Michels fut un attaquant d’Ajax (1946-1958) efficace et besogneux. Avant-centre puissant, discipliné et altruiste, il dispute plus de 260 matches et inscrit plus de 120 buts pour le club amstellodamois, glanant plusieurs titres nationaux. Sa carrière de joueur, marquée par une éthique de travail inflexible et quelques sélections avec l’équipe nationale, s’achève prématurément sur blessure. Mais elle forge déjà une conviction: le football se gagne par l’organisation, l’effort collectif et l’intelligence des espaces. Dans un Ajax encore traditionnel, Michels s’imprègne de la culture du club et mûrit une vision qui dépassera largement la surface de réparation.
Ajax, la matrice du football total
Nommé entraîneur de l’Ajax en 1965, Michels prend une équipe en transition et la propulse au sommet. Il installe un 4-3-3 dynamique, des permutations constantes, un pressing haut coordonné et une ligne défensive audacieuse: les fondations du “football total”. Il lance et façonne Johan Cruyff, structure l’effectif autour de profils complémentaires (Keizer, Suurbier, Neeskens), codifie les distances et les repères positionnels. Les résultats suivent: titres d’Eredivisie en série, coupes nationales, finale européenne 1969, puis consécration avec la Coupe d’Europe des clubs champions 1971. Au-delà des trophées, Michels change la grammaire du jeu: chaque joueur doit savoir attaquer et défendre, le ballon devient outil de contrôle, l’équipe un organisme en mouvement.
Barcelone, l’idée se mondialise
En 1971, il exporte sa révolution au FC Barcelone. Il impose rigueur sans renoncer au panache, éduque au jeu de position et à la sortie de balle propre. L’arrivée de Cruyff en 1973 catalyse le projet: la Liga 1973-1974, couronnée par un 5-0 mythique au Bernabéu, symbolise la libération d’un club longtemps sous-dominant. De retour pour un second mandat (1976-1978), Michels ajoute une Copa del Rey et, surtout, laisse un héritage méthodologique qui préfigure la culture de formation et de possession barcelonaise. Son Barça apprend à gagner en dictant le rythme, à défendre en gardant le ballon et à faire du Camp Nou une scène d’idées plus encore qu’un théâtre de résultats.
Oranje, de la symphonie 1974 à l’or de 1988
Sélectionneur des Pays-Bas, Michels compose d’abord, en 1974, une œuvre fondatrice: l’Oranje atteint la finale de la Coupe du monde avec un football total éblouissant, avant de céder face à l’Allemagne de l’Ouest. Le style marque l’époque et irrigue toute l’Europe. Revenu à la tête de la sélection, il signe en 1988 l’apothéose: champion d’Europe avec Gullit, Van Basten, Rijkaard et Koeman, dans une équipe qui allie pressing, structure et liberté créative — la fameuse volée de Van Basten comme manifeste esthétique. Jusqu’au début des années 1990, il continue d’influencer la sélection, tandis qu’aux Pays-Bas, un trophée portant son nom honore chaque saison les meilleurs entraîneurs. Son legs? Avoir prouvé que l’idée, bien coachée, finit par battre la force.